Tout le Kama Sutra y est passé, mais rien, vous ne ressentez pas le frisson qui vous fait décoller d'habitude. Alors que vous en avez envie, l'orgasme ne se déclenche pas. Vous faites sûrement partie des 5% à 10% de femmes qui souffrent d'anorgasmie au cours de leur vie. Mais pas de panique, l'anorgasmie est souvent passagère et des solutions simples et efficaces existent pour s'en sortir. Evelyne Dillenseger, sexologue, répond à toutes vos questions sur ce trouble sexuel. 

L’anorgasmie, c’est quoi ?

L'anorgasmie désigne l'impossibilité d'une femme à parvenir à l'orgasme, en dépit d'une excitation sexuelle normale. Même s'il peut y avoir du plaisir, l'orgasme, lui, ne vient pas. Peu importe que le partenaire stimule le clitoris ou opère une pénétration vaginale.

C'est en cela que l'anorgasmie se différencie de la frigidité. « Être frigide, c'est souffrir d'une absence de plaisir pendant l'amour, voire même d'une absence totale de désir d'avoir un rapport », distingue Evelyne Dillenseger, sexologue.

L’anorgasmie ne doit pas non plus être confondue avec la dysorgasmie qui traduit « un dysfonctionnement dans l’orgasme », précise la sexologue. « La personne dysorgasmique rencontre des difficultés à atteindre ce plaisir ultime », développe la sexologue.

En bref, la personne souffrant d’anorgasmie prend du plaisir pendant l’acte sexuel mais « pas autant qu’elle le souhaiterait », explique la spécialiste. « La personne anorgasmique sent qu’elle peut ressentir encore plus de jouissance mais quelque chose bloque », approfondie la spécialiste.

Enfin, les différents niveaux d’anorgasmies démontrent que la sexualité est changeante, on en distingue trois types :

Vidéo du jour :
  • L'anorgasmie primaire, quand la femme n'a jamais connu d'orgasme
  • L'anorgasmie secondaire, quand la personne a déjà ressenti de la jouissance auparavant mais ne l'a plus jamais retrouvée 
  • L'anorgasmie situationnelle, quand l'orgasme ne survient pas avec certains partenaires ou dans certains contextes (période de deuil, période de stress, perte d'emploi, etc.)

Quelles sont les causes de l'anorgasmie ?

Ce trouble sexuel peut avoir de nombreuses origines, ce qui rend sa prise en charge parfois compliquée.

  • Les causes psychologiques de l'anorgasmie

Les causes psychiques de l’anorgasmie peuvent résulter d'une éducation trop stricte qui a imposé des normes sexuelles limitantes.

L’individu peut aussi avoir ce blocage en raison de ces complexes. « Si on est mal dans notre corps, alors on ne va pas pouvoir lâcher prise et avoir un orgasme », explique Evelyne Dillenseger.

Autre cause courante d'une anorgasmie liée à un blocage psychologique : quand la personne a été victime d'abus sexuels par le passé. « Cet épisode traumatisant fait qu’on ne se laisse plus aller avec des hommes, on n'est plus capable de lâcher prise », développe la sexologue.

Bien souvent, la cause de l'anorgasmie est psychologique.

  • Les causes physiques de l'anorgasmie

Certaines causes organiques ou physiques peuvent également entraîner cette absence totale ou partielle de jouissance.

C'est le cas, par exemple, du vaginisme (contraction inhabituelle du vagin) ou encore de la dyspareunie (douleur ressentie lors du rapport sexuel), qui contribuent à rendre les rapports sexuels douloureux et, donc, peu enclins au plaisir.

L’anorgasmie peut être causée par « une opération, un accouchement, un cancer génital, des prises de médicaments », liste comme exemple Evelyne Dillenseger. « Les maladies ont un impact sur le plaisir sexuel, parce que la sexualité est au cœur de tout notre corps », aborde la spécialiste. « C’est-à-dire qu’un simple médicament peut jouer sur le fameux lâcher pris et sur les fonctions organiques », informe la sexologue.

  • L'anorgasmie liée à une relation

Parfois, l'anorgasmie est simplement due à des problèmes au sein du couple.

Des disputes répétitives, une relation à distance difficile à gérer, une infidélité, des rancoeurs... autant de causes possibles d'un manque de plaisir sexuel pendant l'acte.

« Il faut être stimulé aussi, si le partenaire est maladroit, et ne sait pas comment s’y prendre, alors vous pouvez également vous bloquer et ne pas avoir d’orgasme », précise Evelyne Dillenseger.

En plus de la maladresse, « il arrive qu’il ne soit pas à l’aise, qu’il vous propose une pratique sexuelle qui ne vous convient pas ou qu’il ait des mots crus au lit », donne comme exemple la sexologue. « Tous ces facteurs bloquent les mécanismes physiologiques conduisant au plaisir ultime », développe la sexologue.

Enfin, la spécialiste vous recommande de communiquer avec votre partenaire. Même si parler de sexe dans son couple n’est pas toujours évident, les résultats seront vous motiver à le faire.

  • L'anorgasmie quand on est jeune, c'est normal !

L'anorgasmie est courante chez les jeunes femmes. Quand on commence sa vie sexuelle, on se cherche, on explore, on découvre un ou des partenaires... Mais on n'est pas forcément en mesure (sauf pour de rares chanceuses) de jouir systématiquement.

« Pour avoir un orgasme il faut bien connaître son corps, comprendre comment il réagit avec l’impact des caresses", développe la spécialiste. "Tout ceci participe à la découverte de l’appétit sexuel, qui s’agrandit avec la pratique », signale la sexologue.

Même pour des femmes plus âgées, la quête de l'orgasme peut être longue et difficile. Et là encore, pas de panique ! Tant que la curiosité et l'envie sont là, l'orgasme n'est pas bien loin.

Et quand bien même, anorgasmie ne signifie ni "absence de plaisir", ni "relation qui bat de l'aile", alors inutile de se mettre la pression.

  • L’anorgasmie déclenchée à cause de la pression de l’orgasme

L’anorgasmie peut naitre de l’angoisse. « Si on fait une obsession sur l’orgasme, qu’on le voit comme une obligation alors on est sous la pression de l’atteindre pour chaque rapport sexuel », explique la sexologue.

Elle dénonce cette injonction, « le but dans la sexualité n’est pas de donner pour recevoir un orgasme, le but est tout simplement le plaisir sexuel ». Et, pour rappel, celui-ci est propre à chacun. « Il n’y a pas de course à l’orgasme, il faut se laisser aller, passer un agréable moment, et être potentiellement surpris par cet état de jouissance », insiste Evelyne Dillenseger

Quelles sont les conséquences de l'anorgasmie ?

L’anorgasmie peut être source de « tristesse et de frustration. Une femme peut penser qu’elle n’est pas normale, car elle n’a pas d’orgasme », explique Evelyne Dillenseger. « Mais certaines l’atteignent pour la première fois à l’âge de 40 ans, il n’y a donc aucune inquiétude à avoir », rassure la sexologue.

L’anorgasmie peut également toucher le couple, « le partenaire peut être malheureux et penser qu’il n’agit pas de la bonne façon dans le rapport », analyse la spécialiste. « Pour éviter qu’il se bloque, discuter avec lui, et guider le au cours de l’acte sexuel sur vos plaisirs sexuels », conseille Evelyne Dillenseger.

Que faire en cas d’absence d’orgasme ?

Dans les cas où le sexe provoque des blocages, on conseille plutôt de consulter un sexologue ou un psychothérapeute. Le but est de défaire les nœuds, de prendre confiance en soi et de réapprendre à lâcher prise pendant l'amour.

Grâce à la discussion avec un professionnel, la personne souffrant d’anorgasmie comprendra ce qui lui arrive. « Peut-être qu’elle se rendra compte que la sexualité ne l’intéresse pas, qu’elle est asexuelle, ou bien qu’elle est plus attirée par les femmes », développe la sexologue.

Les méthodes douces peuvent également donner un bon coup de pouce : sophrologie, yoga et relaxation, entre autres.

Autre moyen (très pragmatique) de régler un problème d'anorgasmie : s'entraîner... seule ! Se toucher, se découvrir, apprendre à se connaître sexuellement, c'est le meilleur moyen de savoir ce qu'on aime et ce qui marche. Vous serez alors en capacité de guider votre partenaire. 

En cas de souci médical, en revanche, un seul conseil : allez voir votre généraliste ou votre gynécologue. Ce sont les mieux placés pour venir à bout des troubles de l'orgasme.