Quand je lui montre l’exemple

  • Sous-entendu : Regarde, c'est comme je fais qu'il faut que tu fasses, toi

Comme mes dernières tentatives de confrontation directe se sont soldées par des échecs (soi-disant je serais maniaque), quand je vois ses baskets traîner sous la table du salon alors que ça fait deux heures qu'on est rentrés des courses, je décide de passer outre mon agacement et de me mettre au ménage sans lui, tout en l'informant : "Il faut que je passe l'aspi."

Mais attention hein, je ne vais pas ranger ses affaires à sa place, je suis pas sa mère non plus. Je nettoie donc consciencieusement alentour, je fais les poussières, je brique la table basse, en espérant lui donner l'impulsion qui le déscotchera de son PC et lui fera déposer héroïquement sa paire de grolles dans le placard de l'entrée.

  • Il comprend : que dalle

Il continue de twitter et de surfer. Mais comme il est sympa, il lève les pieds le temps que je passe sous ses jambes, avant de poursuivre ses activités.

Quand je lui soumets quelques idées mine de rien

  • Sous-entendu : Regarde, ça j'aime vachement

J'en ai ras le bol de recevoir un cadeau manifestement choisi par ma meilleure amie chaque fois qu'on a un truc à fêter. C'est pas que je suis ingrate, mais il me semble qu'en sa qualité d'homme de ma vie, il devrait réussir à trouver un présent qui me corresponde.

Bientôt c'est nos un an, je décide donc de mettre à profit une virée shopping pour lui suggérer quelques idées. "Regarde ça, comme c'est beau... Et ça, oh, et puis ça aussi !" et je le tire vers les cabines d'essayage pour lui faire un défilé perso, histoire qu'il puisse constater par lui-même à quel point il ferait un investissement rentable en m'offrant ce top à paillettes. 

  • Il comprend : pas vraiment

Il fait « Ouah », puis il me presse de sortir car il a chaud et ça l'énerve tous ces gens.

Vidéo du jour :

Je replie le top et le remets à sa place. "Ben, tu le prends pas ?" qu'il demande. "Tas raison, il t'allait pas super", croit-il bon d'ajouter pour me consoler.

Quand je lui dis le contraire de ce que je pense

  • Sous-entendu : C'est tellement énorme que ça peut pas être vrai, ce que je raconte

J'ai beau savoir que le Pictionary est un catalyseur de rupture, j'accepte d'y jouer lors d'un dîner avec des amis, et, ô inconscience, de faire équipe avec MC.

Lequel bougonne sans arrêt parce qu'on perd, et me reproche d'avoir mal dessiné "hélicoptère" alors qu'on est en pleine débâcle, ce à quoi je rétorque que s'il avait moins bu de mousseux il aurait deviné le mot plus vite.

Vexé, il m'en fait tout un flan et m'accuse de mauvaise foi, mais comme il y a des gens je m'abstiens de répondre, je continue de sourire et dis : "Vas-y, dessine, tu es tellement meilleur que moi." Et je lui balance des regards mauvais chaque fois qu'une occasion se présente, faudrait pas qu'il s'e tirer sans excuse.

  • Il comprend : pas trop.

Il a très bien compris que j'étais fâchée, et pourquoi, car dès qu'on est de nouveau seuls il remet l'histoire de l'hélico sur le tapis.

Mais pas pour s'excuser, non, non, non. Plutôt pour que je me remette en question, c'est quand même pas sa faute si j'ai dessiné les hélices en dernier.

Quand je feins l’indifférence

  • Sous-entendu : Regarde-moi ! 

J'en ai un peu marre de faire la gueule pour l'histoire de l'hélico, alors pour me changer les idées, je ferais bien un câlin. Mais il ne remarque pas du tout mon nouveau push-up ni ma jupette à fleurs, car il travaille.

Qu'à cela ne tienne, je lui annonce que je sors faire deux-trois courses, je fais un petit tour dans le placard à chaussures et je sors les escarpins rouges à boucle. Je les enfile juste, et je pose mon pied sur la cuisse de l'homme : "Tu m'aides à les fermer ?"

"Attends, je finis ça et je t'accompagne", dit-il. Je fais mine d'être pressée et de tourner les talons, c'est le cas de le dire.

  • Il comprend : au quart de tour

Alors que j'enfile mon trench, l'homme, dans un élan de virilité inattendu, ferme son ordi, m'attrape par la main et m'entraîne vers la chambre. Yesss.

Quand je me plains

  • Sous-entendu : Au secours !

J'ai beau être assez contente de moi et me féliciter d'exister tous les jours, parfois je ne me suffis pas, et dans ce cas j'aime bien que les compliments viennent de lui.

Je fais triste mine en rangeant mes dossiers et je bougonne et je ronchonne et je soupire en m'asseyant dans le canapé. Il s'inquiète : "Qu'est-ce que t'as ?", qu'il demande.

Re-soupir : "Fffff j'en ai marre, j'ai plein de travail pour demain, je m'en sortirai jamais."

  • Il comprend : et c'est tout à son honneur.

Il repose son magazine et s'insurge "T'es la plus brillante de toutes les filles que je connais ! Allez, va travailler, je m'occupe de tout ce soir."

Si j'ajoute un autre soupir, il met son imper et va chercher mes sushis préférés au restau en bas.

Quand j’exagère

  • Sous-entendu : Ça se voit là quand même ?

J'ai beau être de bonne humeur, s'il y a une chose que je ne compte pas faire, c'est déroger à mes principes. Je ne vais donc toujours pas ranger ses chaussures. Je résiste depuis quatre jours, c'est pas pour craquer maintenant.

Par contre, là, ça fait trois fois que je trébuche dessus, donc il va falloir qu'il réagisse avant que je les balance par la fenêtre.

J'ai une idée : je vais dans le placard de l'entrée, et je sors toutes ses paires de pompes. Puis, devant son regard médusé, je les empile sur les baskets, cause de tous mes tracas, jusqu'à former un monticule d'environ cinquante centimètres de haut. "Pour qu'elles soient toutes près de toi, comme tu aimes", je lui dis.

  • Il comprend : illico

Il hésite un instant à se fâcher, mais il décide que vraiment je suis un peu trop fêlée, et finalement il est mort de rire.

On prend des photos de mon œuvre avec nos portables, et il remet tout à sa place, même les baskets. Surtout les baskets.