Un parfum de hasard

C'est un peu par accident qu'Alberto Morillas est "entré en parfumerie" en 1970. Après des études aux Beaux-Arts de Genève, c'est chez le parfumeur à la réputation mondiale Firmenich, toujours à Genève, que tout commence. Il y entre après avoir lu un article sur Guerlain qui est pour lui une révélation.

Il trouve sa place précisément au laboratoire, où il se spécialise en chimie et étudie seul l'aspect créatif du métier.

C'est lorsqu'il s'installe à New York, en 1975, que sa carrière prend un tournant décisif : il gagne le titre de parfumeur en 1977, et celui de maître parfumeur en 1998. En 2000, il crée la marque Mizensir, une entreprise suisse de fabrication de bougies parfumées.

Alberto Morillas, un auteur de best-sellers

Alberto Morillas se fait connaître du monde entier en 1981, alors qu'il n'a que 24 ans, en lançant Must de Cartier. Nom prédestiné...

Très vite, il enchaîne avec d'autres musts : Byzance, CK One, Pleasures, Acqua Di Giò, Flower by Kenzo, Miracle. Il est récompensé pour l'ensemble de sa carrière (près de trois cents parfums à ce jour) par le prix François-Coty en 2003, désignant le meilleur nez mondial, sorte de prix Nobel de la parfumerie !


Le maître parfumeur est célèbre dans l'industrie pour avoir été le premier à associer des éléments naturels et synthétiques, dans des formules toujours manuscrites. "Quand j'écris la formule, je peux sentir le parfum", confesse-t-il.

Car Morillas, malgré son succès commercial inégalable, sait laisser éclore l'émotion. Il parle de la quête d'"une certaine harmonie des accords, et donc [d’]une certaine harmonie des sens", les parfums étant "le fruit des impressions recueillies tout au long [d’une] vie".?

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La couleur des parfums Alberto Morillas

Alors, quelle est sa signature, au fond ? Morillas parle de l'eau de Cologne de son enfance, dans les cheveux de son père, de l'arôme inoubliable de "Femme" de Rochas, dans le sillage de sa mère, des émotions hautement érotiques provoquées par "L'Heure Bleue" à son adolescence.

Ce sont les créations des autres qui ont forgé son odorat. Difficile de repérer des constantes dans les créations du nez andalou, si ce n'est celle du succès.

À chaque création, Alberto Morillas remet en cause tous ses acquis, ses goûts et ses connaissances, et repousse les limites du plaisir olfactif.

De l'androgyne et révolutionnaire "CK One" de Calvin Klein au très chic et très "WASP Pleasures" d'Estée Lauder, en passant par l'estival et méditerranéen Acqua di Giò, pas un de ses parfums ne ressemble à l'autre, et c'est tant mieux !